Les « vexations » de Laurent Fiévet, la main et la musique
Laurent Fiévet travaille sur les images mouvantes, sur les images existantes, comme sur des sables mouvants, toujours changeants, toujours présents, dans une constante reprise, une expérimentation structurelle infinie qu’il partage avec les spectateurs. Il procède à un tissage d’images, il réfléchit une sociologie des images, dans laquelle s’intriquent connaissances et expériences, recherche et appropriation, dans un aller retour que la répétition jamais n’épuise.
Il faut revoir ses Vexations ! : un formidable travail sur la main et la musique, une série d’installations qui présentent indépendamment ou associés l’enregistrement de l’intégralité des Vexations d’Erik Satie (interprétées en solo et sans interruption par Nicolas Horvath) et un montage vidéo d’une série de variations autour d’une trentaine de plans de Pickpocket de Robert Bresson. On n’efface pas ce qui s’est passé, le pickpocket a passé par là, on l’a vu, on l’a capté, on a la preuve…
Fiévet nous présente ainsi une Histoire du cinéma à la fois analytique et ludique et nous instille le désir de retourner voir ses grands maîtres : Bresson en l’occurrence. Une histoire musicale, aussi… inépuisable. Cette musique – une autre – que l’on retrouve dans Whistle : l’œuvre grâce à laquelle j’ai découvert l’artiste, à la galerie de Filles du Calvaire. Ici, la multiplicité des images nous parle de communication : comment parler avec ceux qui sont dans cet autre espace, intérieur extérieur, les oiseaux dans leurs cages, et nous à leurs barreaux ? En sifflant dans une langue étrangère ? De ci, de là, sur la balançoire du temps ?