L’art à Genève à Paris
L’image féminine ou la femme en mouvements
MOVING WOMEN, Galerie Danysz, curatrice Barbara Polla
Magda Danysz consacre sa dernière exposition aux femmes en mouvements. Ce sont huit (hautement symbolique) vidéos choisies et mises en scène par Barbara Polla qui existent les unes avec les autres, tantôt elles se font écho tantôt elles s’accordent ou se complètent.
Au rez-de-chaussée, les photographies cinématographiques d’Erwin Olaf présentent plusieurs femmes enfermées par un cadre noir qui délimite la photographie animée. Des phrases courtes s’enchainent successivement d’un tableau à un autre, love me, touch me, look at meetc. Ces phrases résonnent comme un cri de détresse très pudique et esthétique. La femme est enfermée contre son gré mais pleine de désirs.
La contemplation se poursuit plus loin avec cette fois l’amour maternel de Clare Lagan; une femme et un enfant dans de l’eau, la main de la femme cherche avec une infime douceur la main de la jeune enfant, puis la laisse partir. La tendresse, l’amour sans condition est retranscrit par des gestes simples, sensoriels et forts. Il y a l’accompagnement puis le laisser partir.
La femme est amour inconditionnel.
Yapci Ramos : la femme nue qui marche dans ce qui pourrait être une sorte de souterrain dont les murs sont envahis de tags. La femme s’appelle Natalia, elle revendique de façon soutenue par le décor et affirmée par le corps son droit. La femme est libre.
Au fond, il y a cette femme, emportée par le flot des vagues presque volontairement puisqu’elle se balade aisément dans l’eau dans un premier temps alors qu’elle a pied. La femme est noyée par un environnement hostile, qu’elle essaie tant bien que mal de vaincre, de dompter en gardant la tête hors de l’eau. Cette projection est à la mémoire de Nancy Bird Walton, par Shaun Gladwell. Nancy Bird Walton était l’une des premières aviatrices australiennes, connue sous le nom de « L’Ange de l’Outback ».
La femme est une guerrière intérieure.
Au premier étage, Lee Yanor ; une femme court dans le désert, se baigne sur une couette faite de plumes, pose ses valise dans un no man’s land.
On découvre alors une femme libre, une femme solaire, celle qui n’a pas peur d’être seule, celle qui prend une place qu’on ne lui offre pas forcément ; une femme qui est.
Deux œuvres vidéographiques se font face, celle de deux femmes qui s’affrontent en boxant, Dana Hoey et celle qui met en avant deux autres femmes, des années cinquante sans doute, Laurent Fievet, qui répètent toutes deux les mêmes gestes de façon frénétique – l’une ouvre et referme des placards, entourée de cages à oiseaux, l’autre chante devant un oiseau, en cage également. Dans les deux vidéos, c’est véritablement le geste qui est mis en avant.
Ce mouvement, comme une mise en abîme du médium lui-même, renforce l’idée d’enfermement mais aussi de liberté puisque la femme, par le geste s’évade.
Enfin, la dernière œuvre, presque documentaire, de Mario Rizzi, montre avec profondeur et frontalité la place de la femme dans le quotidien d’un camp de réfugiés syriens. Le temps y est suspendu, le destin est comme mis sur pause. Les femmes, s’occupent de leurs enfants, ils sont le trésor qui leur reste. A l’image, l’enfant n’est jamais loin de la femme, à côté, endormi sur son épaule, jouant un peu plus loin derrière. L’icône est juste dans sa distance, délicate dans l’émotion qu’elle traduit.
Ici la femme attend avec beaucoup de courage et de patience.
Toutes ces images en tête et on pourra juste dire comme le disait Godard, Une femme est une femme car toutes ces femmes sont.
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