Valérie Horwitz, Mimiko Türkkan : Be like water
Libres. Libres comme l’eau qui coule, qui coule à travers nos corps. Nos corps de femmes. L’eau du monde.
Valérie Horwitz (http://valeriehorwitz.com/fr/accueil.html) et Mimiko Türkkan (https://mimiko.net/) viennent toutes deux de recevoir une bourse. Le prix Polyptyque (Marseille) pour Valérie Horwitz, une bourse du SAHA Sustainability Fund (Istanbul) pour Mimiko Türkkan.
Mais qu’est-ce qui lie les deux œuvres, les œuvres de ces deux artistes qui ne se connaissent pas (encore), et leurs projets respectifs ? Une certaine approche du corps, de la respiration, de l’ondulation, de l’énergie. De l’ « inergie » comme l’appelle Mimiko, par opposition à l’inertie.
Après avoir intensément pratiqué la pole danse, la boxe et d’autres sports martiaux, Mimiko se tourne vers l’eau. Elle écoute Bruce Lee. Devenez de l’eau – oubliez la forme, et vous prendrez forme. Elle va au lac Baïkal, à Bali, à Ericeria au Portugal, à Venise, à Genève : à la poursuite de l’eau.
« Mon corps peut-il se mouvoir comme l’océan, s’interroge Mimiko ? Peut-il couler comme tel ? » Elle photographie et filme l’océan et s’y plonge par le surf. Elle ne coule pas, elle ondule. Elle ne se noie pas, elle se laisse porter.
Valérie, elle, photographie de jeunes détenues mineures, à la recherche de leur liberté intérieure, et par cet intermédiaire, à la rencontre de la sienne propre. S., mineure incarcérée aux Baumettes, hésite. Peut-elle sortir de son corps ? Elle dit « T’approche pas trop ou je sors mes épines. » « Elle commence par respirer, encore ancrée dans le sol, explique Valérie. Elle prend une immense respiration, comme une élévation. Et puis tout d’un coup, elle se saisit de l’espace. Elle danse. Elle s’envole. Puis elle s’arrête. Elle coule. Elle reprend sa forme initiale. »
Une autre détenue. Un portrait. Un autoportrait, aussi. Une énergie atomique. Une énergie qui nous traverse. Qui nous transcende. Qui ne nous submerge pas, à condition de se laisser porter par elle.