Hala Ezzedine vient du Liban. Elle est artiste. Toujours je m’émerveille, sans comprendre encore — comment on devient artiste. Comment cette enfant, aînée d’une famille de neuf enfants, née dans les montagnes libanaises, se met à dessiner, à peindre, puis enseigne le dessin aux enfants réfugiés syriens dans son village. Pendant des années, elle fait le trajet du village à Beyrouth et retour, trois heures de bus par trajet, pour aller peindre à Beyrouth. Heureusement, il y a Saleh Barakat, qui veille les yeux ouverts sur les jeunes artistes libanais — c’est lui aussi qui le premier a soutenu Abdul Rahman Katanani et me l’a fait découvrir — et il offre à Hala une première exposition dans sa galerie. « Cette jeune artiste est un bijou, qui ne demande qu’à fleurir » me dira-t-il plus tard. Hala Ezzedine est déjà lauréate de trois prix d’art (2015, 2016, 2019).
Abdul et Hala se parlent. Il lui parle de la résidence à l’Atelier AMI. Hala demande à venir. Beyrouth explose. Beyrouth s’effondre. L’Ambassade suisse à Beyrouth aide. Hala obtient un visa. Elle est arrivée il y a trois jours. C’est son premier voyage hors du Liban. AMI, de là où elle est, admire ses dessins et lui offre quelques pages d’un de ses blocs inachevés — papier Canson, évidemment. Et Hala se met au travail : elle a amené ses mines de plomb. Et quelques dessins, regardez… des portraits de ses élèves. Elle me parle de l’ambiguïté qu’elle ressent et qu’elle représente, entre l’innocence de l’enfant et la violence qui est là, déjà.
Vous voulez rencontrer Hala ? Venez au vernissage d’Ali Kazma, le vendredi 4 septembre, et au brunch du dimanche 6 septembre. L’atelier AMI surplombe la galerie — c’est au 10 rue du Gothard, à Chêne Bourg. L’exposition s’intitule WOMEN AT WORK. This is what we are !
© Hala Ezzedine
© Hala Ezzedine
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