SKETCHPAD : extension du domaine des images
« SKETCHPAD – Quand nos enfants seront adultes«
Topographie de l’art, Paris, jusqu’au 27 juillet 2019
Sketchpad est à l’origine un programme informatique écrit en 1963 pour ouvrir les images. A travers ce titre Barbara Polla et Nicolas Etchenagucia, exposent des artistes choisis à dessein, après avoir présenté certains d’entre eux à Analix Forever (Genève) . Elles et ils créent des essais et des suites de romans visuels bergsoniens du futur. La mémoire volontaire ou non du futur s’y fomente. Il s’agit en fait d’études aussi critiques que visuelles en de « moving images » porteuses d’émotion. Mais quand nos enfants seront adultes, l’évolution des technologies sera telle que le champ de créativité reste un abîme. Ce qui n’empêche pas aux artistes invités de le « combler », et ce, de la technique la plus simple (le dessin) aux plus sophistiquées.
Andreas Angelidakis propose ses cités utopiques et Yves Netzhammer y poursuit aussi ses figurations tandis que Julien Serve se moque de nos complaisances envers ces miroirs magiques que sont devenus nos selfies. Miltos Matenas lui emboîte le pas mais en proposant des fils rouges à l’Internet. Charalambos Margaratis se « replie » sur le fusain pour créer de nouvelles donnes aux masses volumiques tandis que mounir fatmi tend ses mandalas hors fixations. Ils deviennent des cordons ombilicaux d’un nouveau genre tandis qu’Eva Magyarosi et Ayce Kartal ramènent à un sortilège de la présence et à un retour à l’enfance (de l’art et de l’existence).
Ce kaléidoscope crée une architecture des images qui – du fameux « Théâtre Optique » d’Emile Reynaud (1892) à la joie de « faire illusion » du Robot Drafstman – propose des prospectives et des extensions au domaine de l’image. Preuve que tout Sketchpad et quelle qu’en soit la nature, en son essence même, ne se limite pas aux êtres et objets relevant typiquement de la signification commune du quotidien. S’instaure une mythologie où se recensent par avance des situations insolites et des centres de gravités inconnus.
Jean-Paul Gavard-Perret